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Texte issu de pages volantes manuscrites.
L'autrice est inconnue pour le moment.

Texte en cours de correction et mise en forme.
??? : illisible (en cours)
Texte : doute

màj : 17 janvier 2024

-cliquer pour écrire au transcripteur-

Samedi 19 août 1944
10h1/2

   Rue du Mont Thabor, des coups de mitraillette éclatent. Alice partie aux provisions remonte vivement "Les Allemands tirent dans la rue ne pas se mettre aux fenêtres." En effet on tire dans toute la rue. Nous ignorons ce qui se passe. En face de chez nous l'Hôtel Duminy entièrement occupé par les Allemands et à gauche du 6 Hôtel Mont Thabor entièrement occupé.
   Vers 11h1/2 le feu cesse j'essaie de voir ce qui se passe et me montre à la fenêtre un officier devant l'Hôtel Duminy me met en joue avec une mitraillette et me crie "Rentrez".
Paul rue St Honoré s'inquiète de coup de feu. Je lui recommande de ne pas bouger du 229 et lui signale que c'est dans notre rue qu'on tire.
   Vers 12h30 Paul me rejoint après avoir descellé les barreaux de la lucarne de l'atelier. Nous avons ainsi un passage établi entre le 229 rue St Honoré et 6 rue du Mont Thabor sans passer par la rue.
   Les FFI avaient attaqué place de la Concorde et sans doute des voitures ont passé rue Castiglione et ont tiré dans la rue du Mont Thabor de là la défense des Allemands.
   Samedi après-midi, Mitraillette, ne pas sortir ne pas ouvrir ni les fenêtres ni les persiennes. Des Allemands au rez de chaussée et au 1er étage Hôtel Duminy, casqués, mitraillette en main à chaque fenêtre les persiennes presque fermées, surveillent. On ne passe plus de rue du Mont Thabor. Barricades. Chevaux de frise aux deux extrémités de la rue.
   Dans la nuit, coup de mitraillettes sur les passants attardés... indésirables. On dit 3 tués rue d'Alger.
   Dimanche matin, même situation. Paul va à St Roch par la rue St Honoré. Pour passer rue d'Alger il faut être reconnu par l'allemand de garde et montrer les papiers prouvant qu'on habite rue du Mont Thabor.    Vers 14h 2 femmes courent rue du Mont Thabor en criant "Armistice on ne se bat plus" Des hauts parleurs passent rue des Pyramides et annoncent l'arrêt des combats. Les Allemands vont évacuer Paris dans la nuit. Ils ne tireront plus et on les laissera partir.
   Dans la nuit de dimanche à lundi coup de feu, et malgré l'armistice ! Situation inchangée.
   Lundi mardi mercredi jeudi, on tire à tout instant, les barricades se dressent rue d'Alger, les allemands sont toujours là. Les femmes de l'Hôtel du Mont Thabor sont parties mais des hommes les ont remplacées. On se bat dans Paris. Chaque soir, les autos allemandes rentrent rue du Mont Thabor. On voit les soldats discuter leurs journées. Les Allemands ne voyagent plus que mitraillette à la main, deux à l'avant sur le capot des autos et un sur la capote arrière "(Histoire du ??? du Loiret").
   Jeudi soir, Paul décide que nous coucherons rue St Honoré. L'attaque du quartier est imminente. "Incendie de la Cartoucherie de Vincennes". On se bat dans tout Paris.
   Vendredi matin, matinée calme, anxieux on attend. Des patrouilles de soldats allemands défilent en file indienne le long des maisons rue St Honoré. On ne sort pas. Toutes les maisons sont fermées. D'ailleurs, aucun magasin de notre coin rue St Honoré n'a ouvert de la semaine. La pharmacie Scott ouvre un rideau et ferme suivant les ordres allemands.
   Vers 2h (14 heures), l'attaque commence. On voit les chars défiler au bout de la rue St Honoré, rue de l'Échelle, place du Théâtre Français les chars d'assaut. On tire de partout. Sous chaque porte cochère, un ou deux soldats allemands. Barricade rue d'Alger. Les traverses de chemin de fer piquées dans la rue.
   De minute en minute la bataille ??? le canon tire. On entend les glaces brisées. Nous descendons à la cave, rue St Honoré.
Paul est au P. et T. Place du marché St honoré. Bruit infernal, un homme donne des nouvelles dans la cave : "La rue d'Alger brûle. La maison à côté. Nous ne pouvons rester à la cave. Si le feu se communique." Calme à tous. Il faut voir. Le canon ne tire plus on sent que la bataille s'arrête. Il est... 15h, 15h-16h. Je ne peux dire. Je monte au magasin les pompiers sont dans la rue on éteint le feu on le combat. Les français sont là, sur les chars d'assaut, il y en a 10-15 je ne peux dire.
   Les français sont maîtres du coin. On commence à grouper les prisonniers. Les uns sont dans le terrain vague en face la rue d'Alger. Puis il en sort de partout. Les gens sortent des abris.
Les prisonniers sont fouillés, désarmés,, groupés les officiers en tête. Ils sont devant le 229, les bras levés, les mains derrière la nuque. Hôtel Duminy, ils ont mis un drap blanc à la fenêtre du 1er. Ils se rendent. Ceux des coins de rue, des barricades se sont battus, sont tués. Les prisonniers sont groupés dans les hôtels et défilent ensuite vers la rue du Marché Saint Honoré.
   Les blessés passent sur des brancards.
   Plus tard, "un milicien" ? passe entre deux FFI, il est en caleçon pieds nus. Les FFI ont du mal à empêcher la foule de le lyncher. Ils ne peuvent lui éviter quelques coups de poings et des coups de pieds dans le derrière. Si l'homme n'était pas préservé par des gardiens, ils serait mort. La foule a trop souffert. Ce sont les soldats et les FFI qui sont calmes et imposent l'ordre, fermement doucement par leur exemple.
   Le feu est arrêté. Je vais voir rue d'Alger. Des tanks ont brûlé. 3...4. Des voitures allemandes le feu s'est communiqué aux maisons. Les façades sont brûlés, les persiennes sont calcinées. Les glaces des magasins sont brisées. L'Hôtel Oxford et Cambrige est brûlé jusqu'au 3e étage.
   ??? on commence à vider les camions allemands du ravitaillement. On distribue à la foule "des boules de Paris", des boîtes de conserve, "des paquets de charbon de bois", des boites de cigarettes.
   Dans un camion faisant la distribution, une femme reconnaît un homme qui travaillait avec les allemands "un Russe blanc dit-on", elle le fait arrêter par les FFI.    Et la distribution se continue jusqu'à la nuit.
   Il n'y a plus d'allemands en face de chez nous.
   Nuit de vendredi à samedi calme, mais de temps en temps, coups de mitraillettes. Des Allemand, des miliciens restés dans les Hôtels se cachent et montés sur les toits tirent sur les passants. Les FFI ripostent mais il est difficile de trouver ces tireurs.
   Samedi, défilé de troupes victorieuses et des troupes de la résistance des FFI.
   Ils sont nombreux les civils, mais c'est une impression particulière, peut-être fausse, mais il me semble qu'il a fallu peu de soldats pour prendre Paris.
   Des tanks, je crois 5 hommes sur chaque tank et la place nette se fait.
   Ce sont les tanks du Général Leclerc qui ont délivré notre coin, des français, ils portent le casque modèle américain ce qui permet quelques erreurs sur leur nationalité. Samedi au 229 une femme parle anglais à un jeune soldat que nous avons vu passer et repasser et qui a (je le croyais) l'allure américaine. Le jeune homme lui répond en français "mais non Madame, ne vous donnez pas tant de mal, je suis des Batignolles".
   Samedi à 12h30, la terrasse des Tuileries sur la Place de la Concorde est peu garnie. Je peux avoir 2 chaises au 1er rang. Je m'installe et Paul prévient Alice qui descend avec Élisabeth. Nous voyons le défilé parfaitement. Le Général de Gaulle en voiture derrière le Général Leclerc. Depuis midi 30 des groupes passent. Maquis, FFI. Les agents particulièrement acclamés. Ils ont retrouvé leurs uniformes abandonnés depuis 8 jours. Les pompiers, les gendarmes, la France combattante est là. Ceux qui ont eu confiance depuis la 1ère heure. C'est beau. Un ordre parfait. De la discipline, le respect des chefs. L'ordre en France. C'est beau, cela fait du bien.
   Vers 2 heures, un coup de feu du côté de l'Hôtel Crillon. On le situe mal, les rues désertes, une barricade brisée. Puis l'enthousiasme distrait, on n'y pense plus.
   Après le passage de De Gaulle, la foule commençant à se disperser une mitraillade ??? part du Crillon, d ACF du ministère de la Marine et de l'Hôtel Rothschild. Mouvement de la foule, sur la terrasse chacun fuit vers le milieu du jardin derrière nous il y a des tanks. La foule se met à plat ventre, sous les tanks et autour. Les tanks tirent, le canon, la mitraillette. La durée, 30 minutes ??? je ne peux le dire.
   Le calme revient, nous traversons l'allée en face Rothschild (que je redoutais). Puis nous descendons de la terrasse. Nous longeons le ??? ??? et devant les jardins ??? ??? il y a des tanks de Leclerc. Babette monte sur le tank "Aramis". Les soldats l'embrassent et lui montrent les canons. "Tu vois, n'ai pas peur on te défend". Nous avançons un peu vers la rue de Castiglione, nouvelle mitraillade. On tire à droite à gauche du jardin. Encore un plat ventre, le long du mur de la terrasse. Calme à nouveau. Nous avançons encore. Derrière le guignol un tank allemand brûlé. Pendant que nous le regardons, un éclatement se fait entendre à côté des chevaux de bois de l'autre côté du bitume. Nous voyons le coup de feu, puis la suie du tank se répand sur nous. Quelques secondes quand nous nous sommes regardées nous sembliions toutes les trois être des ramoneurs.
   Deux soldats de tanks ??? sont venus près de nous et se sont amusés de nos figures noircies. Ils nous ont dit leur confiance et leur foi en leur chef et qu'il allait prendre la direction de la France et que l'ordre serait vite rétabli.
   L'éclatement que nous avons entendu provenait de l'éclatement d'une petite bombe. Un rasoir traînait par terre. Une femme a voulu le ramasser. Le rasoir était relié avec un fil à un détonateur et la femme en tirant le rasoir à fait partir la détonation. Elle a été blessée.
   Enfin nous sommes rentrés rue Saint Honoré mais il fallait traverser la rue de Rivoli et longer les arcades de la rue Castiglione. De l'Hôtel Continental de l'Hôtel Lotti partent des coups de feu. Encore des francs tireurs, des miliciens... des Allemands. Nous avons dû nous arrêter sous les portes cochères avant d'arriver rue St Honoré. Ce coin de rue jusqu'au 229 était calme. En face par l' Hôtel pas de francs tireurs.
   La nuit de samedi à dimanche nous avons été réveillés par une explosion probablement une bombe à retardement a éclaté Hôtel Oxford et Cambridge. Puis alerte gros bombardement de Paris et mitraillade sur les toits rue du Mont Thabor et rue d'Alger. Un cercle de feu autour de Paris.
   Dimanche journée calme, ??? ??? ??? sont faits dans les immeubles rue d'Alger et rue du Mont Thabor.
   On dit que 3 francs tireurs ont été arrêtés, nous verrons si la journée sera plus calme.
Cette après-midi il est 6h pas un coup de feu.